Nous avons semé ... partout ça lève

Compte-rendu de la soirée d’échanges Assises du Territoire Du 12 avril 2012 à la Maison du Diocèse (par Marité et Jean-Marc)

 

 

Chers amis,

 

J’ai le plaisir de vous faire parvenir un résumé des initiatives partagées à la fois par les équipes des Assises du Territoire, les mouvements et associations de Fidèles ainsi que des personnes intéressées par cette soirée du 12 avril qui avait pour titre « Nous avons semé, partout ça lève ! »

 

Oui, nous avons semé, il y a 5 ans, à travers la démarche des Assises du Territoire qui se voulait être un révélateur de talents. Nos territoires n’en manquent pas et tous ces talents sont au service de l’autre, des autres, proches ou moins proches. Des talents qui se mettent en œuvre pour faire de notre territoire un espace dynamique et solidaire.

 

Ce 12 avril, à la Maison du Diocèse, avec notre Evêque, nous avons raconté ces initiatives que vous allez découvrir dans les pages qui suivent. Nous les avons racontées et nous avons échangé. La preuve a été faite que tous nos engagements se rejoignent, que nous allons tous dans le même sens et que « faire ensemble », en relation avec la société civile, c’est toujours enrichissant, dynamisant et efficace souvent.

Nous sommes dans la démarche de Diaconia, sans rien créer comme nouvelle structure, rien qu’en mettant en lien, en révélant et en donnant confiance et envie d’avenir.

Sortir du cadre : c’est ce que nous suggère la restitution de la démarche Recherche/Avenir. Le Père Garnier nous l’a rappelé en nous faisant faire l’exercice qui consiste à relier neuf points en quatre traits, sans lever le crayon : il nous a montré qu’on ne peut pas le faire sans sortir du cadre de ces neuf points. Il nous a invités à considérer toujours l’autre comme un partenaire pour avancer.

 

Je vous souhaite bonne lecture. Je n’ai pas pu faire plus court : la richesse de la soirée méritait bien ces quelques pages.

 

Pour les équipes des Assises

Marité Colpart et Jean Marc Bocquet

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plus de soixante personnes se sont rencontrées ce 12 avril à la Maison du Diocèse, à l’invitation de l’équipe des Assises du Territoire.

Une rencontre pour échanger les initiatives porteuses de dynamisme, de solidarité. Des initiatives qui essaient de répondre à la « mission » que s’est donnée la démarche des Assises : faire de notre territoire un espace dynamique et solidaire.

Une rencontre pour se dire, pour mettre en lumière le fait qu’ensemble on va plus loin, que lorsqu’on sort de nos schémas, un avenir est possible.

Les expériences amenées ne sont pas forcément extra ordinaires.. mais elles ont le mérite d’exister par la seule volonté de bénévoles, de gens de bonne volonté qui désirent mettre de la chair dans les convictions qui les habitent.

Une rencontre à laquelle étaient conviés les membres responsables de mouvements, associations et groupes croyants ou non.

 

I - LES ASSISES : QUE SONT-ELLES DEVENUES ?

 

Démarche mise en route en 2007, les Assises du Territoire avaient pour but de relever les initiatives prises un peu partout dans les quatre arrondissements qui composent notre diocèse. Des initiatives répondant à la question : comment faire de notre territoire un espace dynamique et solidaire ?

Les livres blancs produits alors et rassemblant plus de 150 initiatives ne sont pas sans rappeler les livres des merveilles que les Evêques de France, à travers la démarche Diaconia 2013 nous invitent à écrire.

Aujourd’hui les Assises ont pris chair, à travers des personnes qui s’investissent de belle manière.

 

En Sambre Avesnois

 

?Festival des initiatives (Marc Fertin Assises Avesnois)

Fin 2009 un diagnostic du territoire Sambre Avesnois dans le cadre du Parc Naturel Régional est présenté, marqué par le pessimisme et la souffrance…La démarche des assises nous invite à changer de regard, l’équipe animatrice de Sambre Avesnois a donc décidé de proposer ce changement de regard, contre le court des choses.

Suite à cela, l’idée de l’équipe des Assises était de mettre en lumière, sur un territoire donné toute initiative, même petite qui crée du lien, de la solidarité. Il fallait célébrer cela : En mars 2010, c’est le festival des initiatives. Il fallait célébrer avec des partenaires : les paroisses ont été mises dans le coup, la ville d’Aulnoye, le lycée professionnel Jeanne D’Arc, le Parc Naturel Régional…) Les élus aussi ont été associés à la démarche et ils ont découvert la richesse d’engagement de leurs administrés. On a constaté que souvent les choses s’ignorent et le festival a permis de mettre en lien les porteurs d’initiatives.

- des liens se sont créés avec des gens qui travaillent ensemble encore aujourd’hui

- des échanges avec des élus ont porté du fruit.

Les Chrétiens sont doués pour tisser ces liens.

 

? Une deuxième initiative en 2011 à Dompierre une rencontre d’élus (Marc Fertin Vivier) avec un thème : « la fonction d’élus se perd-elle dans une mission impossible ? » Cette rencontre a été proposée par des élus pour des élus. L’idée était de proposer un temps libre pour exprimer ce qui motive les élus à s’engager, à dire leurs difficultés, leurs doutes aussi. Les élus insistent sur le travail en équipe, le besoin de confiance, l’équilibre à trouver pour eux entre le travail, la fonction et la vie de famille.

Le souhait était aussi de croiser des réseaux : le Vivier, des maires et l’expérience du festival

 

 

?Une initiative en direction des jeunes à travers un parrainage intergénérationnel pour le logement. (Jean Marie Blas, CEAS Sambre Avesnois)

 

Sur le secteur on a souhaité se retrouver pour mener un projet de territoire. Le festival des initiatives décrit juste avant a permis de croiser des personnes ayant la volonté de faire avancer les choses et notamment en direction des jeunes en mal de logement, problème très présent sur le territoire de l’Avesnois.

Des structures s’en occupent et nous avons souhaité apporter un plus à travers le parrainage.

 

Un constat dans l’Avesnois : l’accroissement de situations difficiles pour les jeunes et énormément de projets autour de l’urgence.

On a découvert que l’état intervient dans les structures d’urgences mais cela est loin de résoudre les problèmes.

 

Dans un premier temps, un observatoire a été mis en place qui a révélé que :

    • 25°% des jeunes ne sont pas répertoriés car ils vivent chez leurs parents

    • La demande de logement est satisfaite à hauteur de 80% par les bailleurs et une demande ne peut pas aboutir si il n’y a pas de revenu financier pour vivre avec un minimum de 6€ / jour

Les solutions 

 

Une action a été envisagée à partir de la cause du mal logement et pas la conséquence : l’accompagnement des jeunes avec des bénévoles et des professionnels pendant 6 mois. Un accompagnement se met en place, après une procédure d’écoute affinée par un sociologue, Paul Wallez. Le travail est entrepris dans l’Avesnois avec une vingtaine de bénévoles

 

 

Arrondissement du Cambrai :Marie Claude Armand et Mélanie Legaye du CODES

 

Le CODES (Comité de développement économie solidaire ) favorise la mise en place d’un groupement d’achat pour des familles qui ont des difficultés à payer les factures.

Mise en place de déjeuner /débat à Caudry. On a repéré des initiatives locales de producteurs qui privilégient des circuits courts et on a créé un maillage avec les équipes relais des paroisses, des agriculteurs, le CCFD, des associations, des élus…. (Impact de la mondialisation, comprendre le développement durable, encourager le partenariat pour un monde plus juste et solidaire)…

On a souhaité informer sur les enjeux de la coopération et de la solidarité internationale

 

Envie de créer de la mixité sociale et la réalisation du repas par différentes associations. Les initiatives ont été préparées tout au long de l’année.

En 2012, le thème choisit : se nourrir mieux et pas plus cher

Objectifs : encourager le partenariat entre les acteurs de la société au sein des structures et avec les personnes qui en bénéficient en leur donnant la parole ; agir sur les mentalités, changer de modes de vie et penser global.

Les moyens :

Communiquer dans les médias par des témoignages, des menus types et un questionnaire.

Une action sera envisagée avec les partenaires du collectif du refus de la misère.

 

 

Arrondissement de DOUAI : Gustave Defrance CEAS du Douaisis

 

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Le CEAS c’est la suite logique des Assises avec les initiatives notées dans le livre blanc .Que faire pour que le Douaisis soit un territoire dynamique et solidaire ? Pour répondre à cette question, l’équipe animatrice des Assises est devenue le CEAS Grand Douaisis.


En 2011, 30 personnes ont accompagné des personnes dans le problème de l’emploi et du logement.

Nous ne pouvons qu’être émerveillés du travail efficace effectué par ces 15 binômes. Notons l’importance du binôme : c’est rassurant d’accompagner à deux…

Des éléments de fraternité se mettent en place : l’équipe des bénévoles s’est étoffée de personnes très diverses ; des liens sont créés avec le PACT qui assure la formation des bénévoles, avec SNC (Solidartiés Nouvelles face au Chomâge), avec le Secours Catholique et le Secours Populaire. Un partenariat est établi avec le Pôle Emploi mais nous restons libres dans le choix des personnes que nous souhaitons accompagner.

Nous avons souhaité donner la parole aux plus démunis : ils ont des savoirs !

 

Nous prenons du temps pour l’accompagnement : c’est la force du bénévolat.

Nous participons aux Semaines Sociales de France et nous faisons en sorte que le plus de monde possible y participent, notamment des jeunes.

 

Arrondissement de Valenciennes

 

? Focus sur le projet « réhabilitation de logements ». Gérard Dechy (Assises Valenciennois)

 

Les valeurs

Quelles sont les propositions très concrètes que nous pourrions faire ensemble pour faire du Valenciennois un territoire dynamique et solidaire ?

Nous voulions « donner une parole d’espérance aux habitants dans ce Valenciennois qui a des chances à saisir ».

Nous arrêtons l’idée d’un temps fort, d’un événement pour stimuler le dynamisme des participants et le logement s’impose comme « question massive ».

Le logement constitue en effet, avec l’emploi, une des deux préoccupations majeures de nos concitoyens.

Mais si les personnes privées d’emploi disposent parfois d’un filet de sécurité sous forme d’allocations temporaires, la perte de logement est le plus souvent synonyme de désinsertion sociale, de précarité et de misères cumulatives.

Nous avons cherché comment être concrets avec nos faibles moyens. Nous avons élargi le cercle, Habitat et Humanisme qui a un projet d’implantation sur le Valenciennois nous a rejoints. Cette association a relancé son action en visant la réhabilitation de deux maisons du coron Latesse à Denain.

Après une étude approfondie de la situation dans le Valenciennois, nous mesurons l’immensité de la tâche qu’il reste à accomplir et l’impossibilité de résoudre les problèmes dans la configuration présente. Les mesures prises sont notoirement insuffisantes, nous avions conscience qu’en combinant différentes formes d’économie, nous pouvions compléter ces mesures. Mais comment les mobiliser avec nos faibles forces ?

Plusieurs propositions ont été évoquées : un colloque, un séminaire, une expo etc… mais nous avons vite constaté que ces propositions comportaient le risque de donner encore une fois la parole aux « sachants », aux experts spécialistes mais pas à celles et ceux qui galèrent pour trouver un logement décent à un prix correspondant à leurs moyens et pas non plus à de nouveaux acteurs pour élargir, labourer et ensemencer le champ des possibles.

En décembre 2011, nous décidons de nous repositionner avec les forces que nous avons, de montrer que l’Eglise montre l’exemple, de recenser les lieux où il y a des idées et, conformément à la finalité des Assises, de mettre en contact les intéressés.

L’intuition de départ (on peut faire mieux et plus en matière de logement) évolue et pour passer des diseux aux faiseux et montrer que c’est possible de faire plus et mieux avec les gens :

  • recenser les initatives

  • délibérer

  • organiser une journée dynamique autour d’un lieu à réhabiliter

Nous souhaitons aussi que notre message passe par les communautés chrétiennes.

 

 

Créativité, innovation.

Et si nous étions capables de retaper un logement sur un week end ? de remettre ainsi dans le circuit un logement de plus et de mobiliser, au-delà de nos cercles habituels, des moyens nouveaux et notamment de l’épargne locale ?

C’est Denain qui a été choisi. Elle est parmi les villes les plus pauvres de France, le bâti y est particulièrement dégradé, la municipalité est submergé par les problèmes financiers et l’arrivée de Jean Marc Bocquet comme doyen ont contribué à ce choix.

Les élus ont été sollicités. Nous ne les avons pas convaincu tout de suite. Il a fallu du temps mais nous avons été écoutés avec attention.

Du côté des acteurs, denaisiens ou non, la mobilisation est de suite au rendez-vous : Secours Catholique, Association pour l’action socio éducative, le lycée professionnel des Forges et Habitat et Humanisme…

Nous tenons le bon bout mais pas le temps de réaction des uns et des autres ni les moyens et acteurs qui peuvent intervenir en matière de réhabilitation.

Mais il en faudrait plus pour nous décourager et nous conduire à renoncer. Après plusieurs réunions en mairie, le conseil municipal a délibéré favorablement le 23 février 2012 pour céder une maison à Pierre Solidaire qui va la réhabiliter. Les attendus de la délibération sont intéressants puisqu’il y est fait spécifiquement mention des Assises du Territoire.

Reste à mettre en musique avec toutes celles et tous ceux qui voudront bien s’associer à cette action.

Impact

Mais au-delà de cette décision, c’est toute une démarche qui a été enclenchée, au-delà même de la ville de Denain.

Ainsi,

  • les presbytères de la Croix-Sainte-Marie et du Trieux de Fresnes vont faire l’objet d’un bail à réhabilitation avec ESPOIR ;

  • nous avons été contactés pour le presbytère d’Hasnon  et pour une maison à Wavrechain sous Faulx ;

  • d’autres villes vont être démarchées puisque le 07 Décembre, nous avons décidé de ne pas nous « cristalliser » sur Denain ;

  • d’autres maisons vacantes sont remises dans le circuit par la ville de Denain qui va solliciter dans un premier temps les bailleurs sociaux ;

  • et nous assistions hier à l’inauguration du presbytère Saint-Joseph, remis en état par les élèves du lycée des Forges.

 

Une dynamique est lancée et elle n’est sans doute pas prête de s’arrêter car, dans les têtes, il s’est passé quelque chose d’irréversible qui tient à la fois de la volonté, de l’espérance et de la solidarité.

 

Autres initiatives dans le Valenciennois André Bocquet (CEAS Valenciennois)

 

Les membres du CEAS ont été très investis dans la démarche des Assises et la réalisation d’un livre blanc avec les initiatives du Valenciennois.

Après quoi le CEAS a poursuivi ses travaux dans différents domaines :

 

  1. La question du ferroviaire dans le valenciennois en partenariat avec le pole de compétitivité

E-Trans

  1. la question des jeunes qui sortent du système scolaire (le décrochage scolaire) qui est un des aspects de la précarisation.

Le CEAS Valenciennois lance un appel pour étoffer leur équipe, notamment sur la question du décrochage scolaire.

 

 

 

 

 

 

II - Les initiatives évoquées par les mouvements, associations

 

Comme il était dit dans l’invitation, l’équipe des Assises voulait à la fois partager leurs projets, initiatives mais aussi entendre ce que les mouvements et associations en Eglise et hors Eglise entreprennent pour un territoire dynamique et solidaire.

 

 

 

  • Disponibilité d’une maison à Saint Saulve avec des accompagnants du Secours Catholique et en relation avec la mairie et une assistante sociale mise à disposition pour une famille. Ce projet est porté en partenariat avec Habitat et Humanisme qui cherche à s’implanter dans le valenciennois. L’expérience de Denain et d’autres expériences comme cet accompagnement à Saint Saulve peut y contribuer.

  • Création du réseau « impact » dans le rural avec une dizaine d’associations.

  • Les cafés citoyens qui permettent à des groupes du Vivier et du CMR de s’ouvrir pour proposer des échanges à propos des élections de 2012. Cette démarche nommée « Tous candidats et pas qu’en 2012 » a pour objectif de mettre en lumière les propositions concrètes que peuvent faire de simples citoyens pour une société plus juste, plus fraternelle, plus solidaire.

  • Accompagnement de groupes de personnes en insertion.

  • Equipes Saint Vincent ont proposé au CCAS de l’aider dans l’accompagnement de groupes de personnes en réinsertion. Cette association est reconnue parce qu’elle a un savoir faire en terme d’accompagnement et dans la restauration de l’estime de soi.

  • La famille comme partenaire dans les Centres sociaux.

 

 

Conclusion

 

Chrétiens, notre responsabilité de baptisés nous engage à œuvrer avec d’autres qu’ils soient ou nom chrétiens, en direction des plus démunis, en leur offrant des lieux de parole, en agissant avec eux et non pas pour eux.

Selon le Père Garnier, « être engagé hors de l’Eglise, c’est être dans l’Eglise »

 

Nicolas Soyez a écouté toute la soirée et nous livre ce qu’il a retenu d’essentiel, en 5 mots.

  • Le Territoire qui est vivant, en réseau et pas fermé

  • La rencontre qui est au cœur des initiatives’’ provoquées ‘’avec l’écoute, l’accompagnement, le partage, le débat

  • La dignité qui est vécue dans les initiatives (avec les jeunes, les élus …les plus démunis)

  • Appeler et oser appeler des personnes très différentes en sortant ‘’du cadre ‘’

  • Déplacement : au départ, une capacité d’indignation qui amène à dépasser nos peurs pour oser l’Espérance. Un déplacement qu’on peut définir comme une traversée.

 

Les Assises sont une dynamique, on ne sait pas où on va mais .on y va ! L’idée c’était de regarder le monde dans lequel nous vivons avec bienveillance. Une aventure insolite avec une dynamique : le partenariat et en mettant ensemble des réseaux on arrive à des résultats extraordinaires.

 

Les assises permettent aussi de vivre une identité d’Eglise au service de toute personne en souffrance dont on reconnaît qu’elle « est capable de… ».

L’Eglise avec un rôle social ayant quelque chose de particulier à apporter à la société.

On touche à la mission de l’Eglise qui est de mettre en relation !

 

Article publié par catherine priester • Publié le Vendredi 04 mai 2012 • 4750 visites

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